Posté par Alain Moundoumba, le 18 juin 2024
Tout ou presque a été dit ou écrit sur cette figure emblématique de l’histoire contemporaine du Gabon, et plus largement de l’Afrique. De ses relations à la "je t’aime, moi non plus" avec la France, à son engagement en tant que pacificateur dans les conflits sous-régionaux et régionaux, son flair dans la politique intérieure, que lui reconnaissent même ses adversaires les plus farouches, font de feu Omar Bongo Ondimba un homme d’exception, qui nous parle encore aujourd’hui.
Par Alain Moundoumba
Dans " Médiations africaines, Omar Bongo et les défis diplomatiques d’un continent ", livre autobiographique le plus abouti sur le Président Omar Bongo Ondimba, paru le 3 juin 2009, soit cinq jours avant sa mort, le Pr Elikia M’Boloko (RDC), évoque quatre décennies de conflits et de tentatives de médiation de l’acteur Bongo, de son prénom musulman Omar, fils d'Odimba et d'Ebori. Il conclura finalement dans cet essai riche, qu’Omar Bongo Ondimba, au vu de son parcours, est un Humaniste. Oui, le "Bongoïsme" est un humanisme.
Plus contemporain, et en lien avec la commémoration cette année, du 15ème anniversaire du décès du Président Omar Bongo Ondimba, organisée à Angondjé, au nord de Libreville, par la Fondation Omar Bongo Ondimba pour la paix, la science et la culture, François Mongumu Ebuta, auteur de l’essai " Omar Bongo Ondimba, le secret d’un pouvoir pacificateur ", par ailleurs fondateur de l’Observatoire pour la paix en Afrique centrale, et principal animateur de la Master class organisée à cet effet, a justifié la longévité du Sage de l’Afrique par " le pragmatisme adossé sur l’écoute, le dialogue, l’inclusion de toutes les forces vives dans la gestion de la cité, la cooptation par géopolitique sans oublier sa sagesse coulée sur l’observation des principes prêchant l’amour et la justice sociale ".
A la lecture de cet essai, la question de l’héritage se pose avec gravité. Car, même s’il reste un sujet complexe, mêlant fortune, relations familiales et enjeux politiques, le dernier aspect de cette complexité (la politique) se déchausse des oripeaux de l’intimité pour se mouler dans l’espace public. Omar Bongo Ondimba ayant été commémoré, il est devenu un patrimoine social et politique dont la caractéristique est de vivre après sa mort.
Dans une posture de dévotion, les légataires des idéaux "omariens" doivent les graver dans le marbre du corpus social et politique, à l’exemple du Gaullisme, dont se réclament les leaders et partis politiques de tous bords en France. La Fondation éponyme, dirigée par Pascaline M’Ferry Bongo Ondimba, l'aînée des héritiers biologiques, initiatrice de cet évènement souvenir, l’a compris au vu des innovations constatées dans la célébration du 15ème anniversaire du décès du Patriarche.
Au demeurant, qu’est devenu l’héritage social et politique d’Omar Bongo Ondimba ? La réponse à cette question se trouve dans le " coup de libération " du 30 août 2023, perpétré par cet autre héritier sorti d’un moule autre que la politique, celui du dispositif sécuritaire. Car, s’il est vrai comme aimait à le dire Omar Bongo Ondimba himself de son vivant, que " tous les amis du roi ne sont pas à la cour ", il est tout aussi indubitable de reconnaître que " tous les enfants du Patriarche défunt ne sont pas issus de la même couche ". De ces paradigmes, on peut ainsi reconnaitre au chef de l’État, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, le courage d’avoir mis fin au gâchis d’un patrimoine devenu finalement le lieu de l’évergétisme, du clientélisme politique, de l’exclusion, de la corruption, de l'enrichissement sans cause et du népotisme exagéré.
Ces pratiques, à rebours de "l’amour, l’inclusion et la justice sociale " ainsi que de l’humanisme, vertus inscrites en lettres d’or dans l’ADN politique de feu Omar Bongo Ondimba, et ignorées parfois par certains de ses proches, ont semé les germes de la destruction de son héritage politique. Ces élites politiques dont la seule ambition était le maintien au pouvoir et la conservation des nombreux avantages matériels qu’il confère, ont créé et instauré d’autres moyens de dévolution du pouvoir, basés sur le modèle de "La République au village", titre que nous empruntons volontiers à l’essai du pamphlétaire gabonais, Alfred Nguia Banda, ancien pdgiste parfois zélé devenu opposant par dépit.
Les héritiers d’hier avaient le devoir d’élargir de manière significative les cercles de la redistribution des immenses richesses nationales. Mais, c’est plutôt le contraire qui s’est produit. En effet, on a vu naître une nouvelle classe politique basée sur de petites coteries ethniques ou familiales, avec une préférence orgiaque de l’ésotérisme et de l’étranger mafieux. Et cerise sur le gâteau, une course inégalée aux détournements des deniers publics.
Malgré cela, les premiers pas du nouvel héritier, le Général-Président Oligui Nguema, fondent à l’optimisme et ressemblent, à s’y méprendre, à ceux du Patriarche Omar Bongo Ondimba, dont il revendique la proximité idéologique, c'est-à-dire le bon sens bantou dans la gestion du pays. Est-il finalement l’héritier qu’on attendait ? Assurément.
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18/06/2024 à 12:30
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